Carnet de route

Impressions d'une novice en montagne

Sortie :  Cap de Bouirex du 23/01/2022

Le 22/02/2022 par Pechmeja Anne

Pour comprendre ce récit de notre sortie raquettes, il faut savoir que j’étais la grande novice qui allait absolument tout découvrir, de ce qu’est la montagne en hiver à l’équipement que nous allions utiliser, y compris l’épaisseur de chaussettes nécessaire. Si vous êtes dans mon cas, on vous dira sûrement « ça va bien se passer » : sachez que c’est un complet euphémisme.

La découverte a commencé lors du covoiturage matinal qui nous amenait à la résidence de Sylvain, près du départ de la randonnée, où la majorité du groupe s’était retrouvée la veille. Au total, nous seront cinq ( ?) aventuriers plus ou moins familiers des sommets blancs, et deux encadrants. En voiture, Pierre, notre second encadrant, me parle de la montagne. J’apprends qu’on peut escalader des cascades gelée, faire des « couloirs », du ski de randonnée et que l’hiver il n’y a donc pas que le ski qui glisse et les bonhommes de neige (et les randonnées raquettes). Petit à petit j’entrevois qu’il y a un panel d’activités alpines avec tout un univers et ses personnes simplement passionnées, et pas seulement un rude alpinisme composé de quelques personnes en quête de sensations extrêmes qui grimpent des sommets avec des piolets et des engelures.

Lors de notre arrivée et en préparation à la randonnée, on me demande si j’ai un DVA en me désignant un boitier. Un quoi ? Tu as des guêtres ? Non… c’est grave docteur ? Pas de problèmes, Pierre a tout ce qu’il faut. En sortant de la voiture, au point de départ, il n’y a que mes chaussures qui tachent la neige avec de la terre, décidément, tout le monde a des chaussures propres. Les raquettes fixées sur le sac à dos, nous avançons sur un chemin bien visible, comme ce que je connais des randonnées classiques, mais avec une couche de neige.

Au premier détour, un petit cours d’eau à l’ombre dévale la pente en une succession de cascades faite de glace et de branches encore blanches de givre et de neige : c’était magnifique. Je suis la seule à prendre une photo, je sens que ce n’est pas encore le clou du spectacle. En poursuivant, on m’explique ce qu’est un passage canadien, tout le monde regarde au sol les traces d’animaux, et chacun y va de son anecdote avec les ours (wouahou !). Vient de moment de chausser les fameuses raquettes, en trois mouvements et un parfait sens pédagogique, on m’équipe et je comprends comment régler et me servir de ce tout nouveau matériel. La seconde surprise arrive donc après 20 minutes de marche : on s’aventure sur une prairie de neige immaculée, c’est-à-dire que contrairement à la randonnée « classique », on marche où on veut, on ne s’occupe pas de rester sur des sentiers. L’impression de profiter pleinement et très respectueusement de la nature est là, c’est une immersion dans le blanc. Au bout de quelques pas mes raquettes ne s’entrechoquent plus, et mon esprit quittant mes pieds je me plonge dans l’admiration de cette neige au soleil, qui n’est pas si blanche que ça, mais pleine de paillettes de couleur !

Une première halte s’organise pour une formation à l’utilisation des fameux DVA (détecteurs de victimes d’avalanche), et spontanément, des pelles et des tiges en métal sortent des sacs à dos. Certains participants ont leur propre équipement, on compare leur fonctionnement, j’apprends que les tiges sont des sondes pliables, comment les assembler rapidement (sans irrémédiablement les perdre), comment s’organiser pour creuser, appeler les secours. Tout cela est fait en prenant le temps nécessaire pour comprendre les enjeux lors d’une telle situation d’urgence plutôt que de le faire à la va-vite pour dire que c’est fait, et le tout sans qu’on n’ait le temps de s’ennuyer !

Les choses sérieuses commencent ensuite, en grimpant un dénivelé totalement inédit pour moi, mais à la clé duquel le premier panorama de sommets enneigés se déploit devant nos yeux. J’étais déjà assoiffée, mais avant de repartir on vérifie que j’ai bu et mangé un petit peu : la bienveillance est générale, tout autant qu’un esprit de prévention. Pierre me rassure encore : si c’est trop dur pour moi, il y a tout un tas d’options possibles, le but n’est pas la mort par épuisement (ou l’accident). Lorsqu’on me désigne la destination du cap de Bouirex, le plus haut sommet face à nous, je suis d’avance épatée que nous puissions nous rendre en un tel endroit !

L’ascension continue, et je suis admirative du rythme des premiers de file : quelle forme ! Pour autant, personne ne me presse, chacun son rythme. La découverte guidée continue, on me montre un lac de montagne, les sentiers d’autres randonnées plus sportives, et la manière dont la neige s’accumule à certains endroits en étant poussée par le vent, mais qui est particulièrement instable et dangereuse à pratiquer. Puis, surprise ! Nous arrivons à une superbe cabane de berger, et on m’explique : c’est un refuge pour les randonneurs, et chacun estime combien de personnes peuvent y loger. Plutôt 3 pour des inconnus et 5 pour les intimes. Encore une dernière montée et pour la peine, on passe aux crampons, pas par nécessité me dit Pierre, mais au moins pour connaitre les deux types d’équipement possibles. Une fois au sommet la vue est spectaculaire ! Un petit avion passe… plus bas que nous ! Combien de fois pouvez-vous vous vanter d’avoir vu un avion du dessus ? Au sommet donc, la pause déjeuner s’organise, mais attention aux affamés peu cérémonieux, le cairn placé là doit être salué d’un petit contact de la main ! Avant de repartir, les plus habitués essayent de retrouver le nom des caps et des monts qui nous entourent – carte aidant les doutes – et je comprends qu’on voit jusqu’aux monts espagnols !

La descente vivifie les cuisses et amuse l’esprit. Pierre me conseille de descendre sur un lit de neige fraîche plutôt que dans les pas des précédents randonneurs, et je découvre avec bonheur le petit spectacle qui en découle. Nous passons à l’ombre, descendons dans une partie plus arborée, et là se révèle une succession de cascades gelées en hauteur. De plus, la randonnée nous fait passer près d’un cours d’eau, et toute la merveille de glace et de neige qui l’accompagnent. Nombreux sont les participants à me dire que cette sortie est l’une des plus belles, et je ne peux qu’être d’accord. En poursuivant, je réalise alors que techniquement, nous marchons sur l’eau à chaque fois que nous traversons le cours d’eau, surmonté de glace, surmonté de neige (mais gare au danger !).

Pour finir, nous retrouvons un sentier qui descend gentiment jusqu’au point de départ, le temps de détendre idéalement les jambes menées à rude épreuve, et de partager, le temps de derniers échanges, le plaisir de cette journée. Retour au domicile de Sylvain où chacun choisira sa boisson préférée et on se dit chaleureusement « à bientôt ».

S’il faut conclure, ce n’est donc pas seulement un encadrement qui me fut prodigué, mais une véritable initiation à la montagne, la neige, aux activités alpines, et surtout à l’esprit généreux en partage et à la bonne humeur qui règne parmi les « montagneux ». Et profiter de la montagne avec une telle compagnie nous fait oublier l’effort pour nous émerveiller pleinement de tous ces décors incroyablement beaux.







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