Carnet de route

Couloir de neige montagne d'Areng
Sortie : Couloir de neige du 01/03/2025
Le 23/03/2025 par Margot MOISON
Sortie Couloir de neige du 28 février au 1er mars
Après de nombreux coups d’œil à une météo changeante et peu engageante selon certains regards, et malgré quelques âmes se sentant démotivées à l’approche des nuages noirs qui s’annonçaient en montagne, le grand chef Patrick eu une parole sage qui nous fît prendre notre courage à deux mains : « Qui regarde la météo reste au bistrot ! ». Soufflés par tant d’enthousiasme et de confiance aveugle envers ces bien aimés sommets enneigés, c’est les yeux fermés que nous nous engagèrent ce vendredi après-midi vers la montagne d’Areng.
Une petite pause avant d’arriver au départ de la randonnée d’approche nous fit comprendre qu’il nous faudrait faire face à quelques nuages et un petit vent froid dans les contrées qui nous attendaient. Le chemin caillouteux à l’arrivée de notre point de départ se révéla être accessible à notre plus grand plaisir. Parfois, à cet époque, la neige entrave l’avancée des véhicules, et ce sont des heures de randonnée en plus que nous évitons en restant au chaud dans nos petites voitures, jusqu’à ce fameux point où débutera notre ascension.
Nous nous équipons bon train sous quelques nuages menaçants, en emportant nos crampons, nos piolets, des vêtements chauds et des bâtons de randonnée… pour ceux qui ne les auraient pas oubliés ! Notre ascension débute à notre grande surprise sous la pluie, dont les nuages noirs ne laissaient pressentir l’arrivée, mais c’est dans une lutte conviviale et avec le soutien de nos joyeux encadrants que nous gravissons ce petit chemin d’approche bien pentu. Nous traversons ainsi une petite forêt avec un rythme tout à fait convenable pour un vendredi soir ! Le chemin se termine dans l’obscurité de la nuit qui a fini par tomber. Nous traversons un petit passage laissant goûter les premières sensations de vertige face à la pente enneigée, puis nous arrivons enfin à la petite cabane d’Areng qui nous accueille, préparée à nous recevoir sans nul doute, au regard du petit poêle présent en son coin. En son sein nous trouvons tout ce dont nous avons besoin, de la vaisselle aux chaussons bien rangés dans une petite étagère à l’entrée.
Nous mettons à sécher nos vêtements que la pluie a mouillés et nous partageons un bon petit repas au chaud, auprès de ce poêle magique dont la chaleur vient réchauffer nos corps et nos esprits. Nous discutons du programme du lendemain, nous rions à l’approche des épreuves que nous allons devoir franchir. Encore une fois, quelques appréhensions se feront ressentir à l’égard de la météo prévue et de la condition physique engageante que nous nous apprêtons à devoir mettre en action. Cependant, ce petit groupe de 6 personnes est le siège d’un esprit familial et décontracté qui nous met en confiance pour affronter le lendemain. Nous allons nous coucher dans le petit dortoir présent à l’étage, dont la capacité est parfaite pour notre petit groupe, en espérant que les ronfleurs ne soient pas trop expressifs cette nuit…
Chacun se réveille de bon matin et range ses petites affaires dans le calme malgré l’excitation de la journée approchant. Nous avons plus ou moins bien dormi, c’est aussi le charme de ces expériences de partager les expressions nocturnes du voisin ! Nous prenons un bon petit déjeuner bien costaud, il va falloir tenir jusqu’à la fin de nos crapahutages pour mériter le prochain vrai repas. Les cordées sont choisies, les duos gagnants sont montés : Fanny suivra Patrick, Sam sera accompagné de Sébastien et Thierry guidera Margot. Nous laissons nos affaires de couchage dans la cabane afin de nous alléger, la pente qui nous attend nous incite à ne prendre que le strict nécessaire. Pour plusieurs d’entre nous, c’est la première fois que nous chausserons les crampons et que nous planterons les piolets dans le revêtement neigeux et nous n’avons qu’une hâte, plonger dans cette montagne.
Nous voilà partis sous un brouillard plus ou moins épais, à l’aide de nos bâtons plantés dans la neige nous avançons tranquillement mais sûrement. Quand l’ascension commence à se faire rude, nous enfilons nos crampons qui nous aiderons à arpenter ce terrain qui s’avère glissant avec l’inclinaison. Les premières questions d’orientation se posent : mais où allons-nous dans ce nuage blanc qui nous entoure ? Nous grimpons en alignant des diagonales les unes sur les autres, en plantant les crampons de manière franche, la technique est adoptée, le rythme est pris.
Sébastien en tête de file s’engage dans une ascension, à la recherche du couloir central, objectif premier de notre venue. Ca grimpe, ça grimpe, mais pas de couloir en vue pour le moment, le brouillard s’épaissit puis se dissipe à tour de rôle, n’aidant pas à déterminer vers où nous allons. Nous tentons à plusieurs reprises de rejoindre la vallée mais c’est trop raide pour s’y engager sans risques, pour une première expérience nous restons raisonnables. Nous finissons par tomber sur une crête douteuse, qui ne nous inspire pas confiance pour continuer, il n’y a rien derrière, il semblerait que l’on soit bien loin du couloir central… Tant pis, nous allons revenir sur nos pas, à la recherche de ce fameux couloir, mais l’horloge tourne et nos petits corps s’épuisent pour certains d’entre nous. Toute cette première ascension nous a déjà bien entamé les guiboles mais la redescente se fait sans problème, encadrés par nos guides de haut brouillard.
Nous reprenons la carte et nous tournons vers notre cartographe de renom, Sam, qui va nous sortir de nos embûches en lisant à travers les différents plans que nous avons à disposition. Il semblerait que Sébastien aie trouvé le couloir central où il a commencé à s’engager, mais nous regardons la montre et il commence à se faire tard, l’ascension de ce couloir nous semble peu raisonnable au regard de l’énergie déjà entamée et la durée de ce parcours dans des conditions d’orientation aussi complexes. Nous choisissons alors après consultation générale sur le couloir Lucas, un couloir plus accessible, qui sera déjà parfait pour une première expérience. Nous continuons alors à longer la montagne, le brouillard est de plus en plus épais et malgré les compétences inégalables de notre cartographe nous faisons à nouveau fausse route… Certains commencent à perdre espoir de réaliser enfin ce couloir tant attendu mais la motivation des autres leur donne le petit coup de fouet dont ils avaient besoin pour continuer et… miracle !! Nous tombons sur ce fameux couloir Lucas dont les formes bien tracées nous font de l’œil. Nous nous engageons alors par cordées de deux, armés de nos piolets qui viennent fendre la neige épaisse pour s’ancrer et nous permettre d’avancer. Crampon, piolet, crampon… Un petit friends de temps en temps pour assurer le coup, une petite sangle sur un arbre, le matériel n’aura pas été emmené pour rien et l’expérience est complète. La sensation de liberté aventureuse dans ce couloir est inégalable et malgré des souffrances physiques indéniablement présentes, c’est les yeux émerveillés par le blanc qui nous entoure que nous grimpons le couloir jusqu’à son sommet. Là-haut, une petite pause pour récupérer nos forces pendant laquelle nous n’aurons malheureusement pas de vue maintenant. Le brouillard est toujours là et il a décidé de nous tenir compagnie un moment. Les équipes sont plus ou moins en forme, la fatigue se fait sentir mais tout le monde est parvenu à ses fins, se donnant corps et âme et s’amusant de ce terrain de jeu incroyable qui nous entoure.
Les petites forces qui nous restent nous servirons à randonner sur la crête du chemin de retour, sur lequel le soleil pointera son nez le temps de quelques minutes, le temps d’apprécier sa douce présence furtive. L’utilisation des crampons s’avère plus difficile quand la neige n’est pas là, l’équilibre est précaire, la fatigue n’aidant pas. Une Fanny manque de dévaler le flanc de la crête après une chute pourtant sous contrôle, mais Patrick est là pour la rattraper, ouf ! Encore une petite descente avec les piolets et une bonne petite marche assez raide dans la neige pour enfin rejoindre la cabane.
Notre repas et notre repos sont bien mérités, nous avons tout donné dans la quête de ce couloir qui n’aura pas été une mince affaire ! Nous croisons quelques aventuriers comme nous avec lesquels nous échangeons nos expériences, quelle ambiance sympathique quand on est loin de la civilisation ! Les retours sont joyeux, malgré la difficulté à la fois physique et mentale de la journée, tout le monde semble avoir eu sa dose d’air frais et des étoiles dans les yeux. La montagne s’est vêtue de blanc aujourd’hui, gardant sa robe bleue pour une prochaine sortie mais amoureux d’elle que nous sommes, nous l’aimons sans conditions…
Nous terminons par le chemin que nous faisons dans le sens inverse, la sensation sans les crampons n’est pas aussi sécurisante mais malgré quelques petites glissades nous parvenons à la forêt. Nous arpentons celle-ci avec la hâte de retrouver nos voitures pour espérer trouver un petit bar pour étancher notre soif et débriefer nos belles aventures. Nous arrivons aux voitures, un petit changement de vêtements pour se mettre à l’aise et nous voilà partis.
Ainsi, nous avons regardé la météo mais ne ferons que finir au bistrot, avec une bonne petite bière locale dont le goût est encore meilleur après l’effort. Nous la partageons avec le sourire et nos mines fatiguées mais réjouies. Merci à nos supers encadrants qui auront tout donné pour nous faire garder le sourire dans les moments difficiles, l’expérience fût intense, complète et inégalable avec cette superbe équipe ! Notre trace GPX restera un secret partagé entre les membres de cette sortie, un lien inaltérable que nous garderons à tout jamais…