Carnet de route

Aventure grottologesque dans l'Igue de Toulze
Sortie : spéléo sportive du 09/02/2025
Le 12/02/2025 par Samuel Hamoneau dit "le Padawan"
On prévoit de se rejoindre vers 10h au parking à proximité de la grotte. Par hasard nos voitures se suivent à la sortie de Cajarc. Toutes les routes mènent à l’Igue de Toulze. Sauf qu’un des conducteurs à décréter de visiter le village voisin avant de se rendre au point de rendez-vous. Un acte commis par mégarde, il ne faut pas croire que c’était volontaire
Les bises sont claquées et notre grottologue en chef nous fait un briefing topo en main. Le groupe enfile leurs plus belles tenues et baudriers de combat pour affronter l’épreuve journalière. Après moultes entraînement à Azaña et deux mises en situation (voir compte-rendu de la spéléo du 26/01/2025 de Justine et Rachel) les aspirants grottologues se sentent prêt. Evidemment nous n’oublions de passer le retour dans les boucles du baudrier. Parce que pas de retour dans la boucle = situation à problème, comme dans Cliffhanger (avec Silvester Stallone), très beau film dans les paysages des dolomites. Pendant que l’équipage termine de se préparer, notre capitaine part faire la reconnaissance des lieux.
Les mousses suivent le second à la recherche du premier. Au bout d’une centaine de mètres un sac jaune se présente à nous, seul au milieu de la pampa du Lot. Thierry avait probablement décidé d’imiter le Petit Poucet. Quelques secondes plus tard nous voyons un notre maître spéléologue apparaître tout de jaune vétu. Tout bredouille qu’il nous annonce ne point avoir trouvé la grotte. Aucune erreur de cartographie n’a été commise. Parce que personne n’a pensé à regarder l’emplacement de la grotte sur une carte! Donc après des consultations, sur deux téléphones (dont un qui s’est fait débourrer le compas électronique), on finit par trouver l’entrée de notre aventure.
L’Igue de Toulze se présente sous la forme d’une ouverture au sol de 1,5m sur 4m de côté dans le sol avec un plan incliné à ~80° négatifs. Un certain nombre de broches sont présents tout autour du trou. Thierry installe les premiers amarrages et commence à descendre pour organiser les différents fractios. On évite de descendre d’une seule corde en spéléologie, elle fait office de ligne de vie, donc il faut l’amarrer à plusieurs reprises pour rendre les passages plus sécurisés et de fixer une trajectoire.
Fred est le premier à installer son descendeur suivi de Sam, Chantal talonne, Marie emboîte le pas et notre très cher Thibaut ferme la marche. La première dizaine de mètre se descend sous la lumière de jour. Il faut passer plusieurs rochers. Le premier de cordé nous a installé un fractio au-dessus d’un roc vert de mousse. Sur la première descente Thibaut nous donne de précieux conseil pour faciliter nos manœuvres et mouvements. On suit une pente, pas loin du 100 % négatif sur une vingtaine de mètres. Se présente à nous l’obscurité de la grotte dans une nouvelle salle bien plus verticale. Nos frontales commencent à nous servir dans une descente d’un peu moins d’une vingtaine de mètres. Au fur et mesure qu’on avance Thierry fait passer les instructions pour les méthodes de passage. Le/la suivant/e fait passer au prochain ce qui permet de faire circuler les informations.
On se retrouve dans la salle de dite l’ébouli. Impossible de faire la confusion avec un autre lieu, car on foule un tas de caillou. La pièce peut être décrite comme une sorte de cylindre étiré. Le plafond semble être relativement horizontal. Avec le plan du sol la hauteur sous plafond peut être estimé entre 25 et 30m.
On traverse une petite étroiture après l’éboulis et nous voilà dans le métro. Sauf qu’ici il n’y ni contrôleur, ni bouchon et encore moins de métro. Le nivellement du sol ne varie que peu. Si on était parti avec du gravier, on aurait inventé la pétanque des abimes. Sur notre gauche on voit des anciennes coulées. En plein milieu on croise un amas de chauve sourie pendue au plafond. On a rapidement baissé nos têtes pour ne pas les éblouir. Sur le moment elles se sont toutes mises à bouger très légerement. Comme si elles vibraient à notre présence.
À la fin du métro il y a un balcon avec un petit rappel. La nature a décidé d’installer un goutte-à-goutte en plein milieu du passage. Une sorte d’énorme concrétion beige d’un peu plus d’un mètre de haut s’est formée en dessous. Un petit réservoir domine là où les gouttes tombent on pourrait croire que quelqu’un est venu monter un bénitier. Chantal et Sam se font des peintures de guerre et s’étalent de l’argile sur les mains, il faut profiter de l’occasion pour se faire un gommage! En plus l’argile contenant de petits grains, rien de mieux que pour avoir une magnifique peau toute lisse!!! Les deux curistes des cavernes se lavent les mains dans le bénitier. Qui n’est désormais plus du tout beige mais plutôt marron. L’argile est très présente à partir de ce moment dans la grotte. Des coulées sont même visibles sur les murs
Un peu moins d’une vingtaine de mètres plus tard on se retrouve au dessus d’un nouveau balcon. Le passage est délicat. Il faut traverser un genre de vire de la mascagne. La distance entre chaque fractio est inversement proportionnelle à l’énergie qu’il faut déployer pour avancer. La grotte est équipée d’une manière assez étrange et Thierry doit passer du temps à étudier comment il faut faire évoluer les cordes. On le voit descendre, remonter, passer d’un mur à l’autre. À un moment, il faut faire glisser un sac à corde pour qu’il obtienne l’équipement adéquat à la situation. Petite descente en rappel avec passage de dév’ au niveau d’un replat (la corde est emmenée dans une dégaine qui permet de maintenir une trajectoire). Quelques passages un peu techniques, en se maintenant en opposition entre les deux parois, des pieds et mains bien placés pour se faufiler entre les murs. Le fait d’être dans l’obscurité rend la perception de l’environnement immédiat moins évident.
Nous voilà arrivés à notre destination finale : l’embarcadère. Petit paisible lac de grotte du Lot. On peut voir l’ondulation de l’eau venir sur notre berge d’argile. Nous restons quelque temps pour profiter. Après l’aller faut bien faire le retour. En montagne quand on monte il faut redescendre. En spéléo, et bah... c’est à peu près l’inverse. On met en place nos poignées, crolls, pédales et longes, on commence les ascensions. L’avantage c’est qu’on sait par où on passe. Le désavantage c’est que la remontée est un exercice tout autre (surtout avec un sac de cordes humides qui pend sous les fesses).
Thierry nous suit et déséquipe tout l’installation. En spéléologie on utilise des amarrages amovibles. Ceux-ci peuvent se visser. Certaines parois sont mitraillées par les trous des équipeurs. On peut également trouver des broches fixées aux murs.
On revient au second balcon, ou on retrouve Thibaut qui nous attend sagement. On reprend notre remontée en revenant sur le premier promontoire. On traverse le métro, en faisant attention à ne pas éblouir à nouveaux les chiroptères. Petit passage sous l’étroiture et on arrive à la salle de l’éboulis. Dernière remontée sur corde nous voilà à l’entrée de la grotte. Thibaut est posté au-dessus de nous pour surveiller.
On passé ± 4 heures dans la grotte. Tout le monde a vraiment apprécié cette expérience de grottologie sportive! Un grand merci a Thiery, véritable gecko des profondeurs, de nous proposer cette expérience. Mais également à Thibaut d’avoir été là !
Kiss kiss coeur coeur aux grottologues du monde entier!